Discours du Grand Maître Fra’ John Dunlap au Corps diplomatique accrédité auprès de l’Ordre de Malte
M. le Doyen, Excellences, Mesdames et Messieurs,,
Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui pour la traditionnelle audience du Nouvel An au Corps Diplomatique accrédité auprès de l’Ordre souverain de Malte.
Je remercie sincèrement l’ambassadeur du Cameroun, S.E. M. Antoine Zanga, pour ses paroles inspirantes et encourageantes.
« L’échange de vœux », une tradition de longue date, est l’une de mes tâches préférées de l’année. Non seulement j’y vois des amis et des collaborateurs dans des circonstances des plus agréables, mais votre présence me rappelle également l’importance de notre travail commun pour la paix et la justice dans le monde. C’est donc à la fois un honneur et un plaisir pour moi d’être parmi vous aujourd’hui.
Une nouvelle année, 2025, est à nos portes. Sa Sainteté, le pape François, l’a déclarée année jubilaire. Nous apportera-t-elle la paix à laquelle aspirent tant de personnes dans le monde ? Ou bien, malgré nos meilleurs efforts diplomatiques, 2025 sera-t-elle une continuation de la violence, de l’injustice et des déplacements de populations avec lesquels nous nous sommes malheureusement habitués à vivre ? Bien sûr, nos efforts ne peuvent à eux seuls transformer le monde d’un seul coup. Mais ne vous y trompez pas, lorsque nous travaillons ensemble pour la paix et la justice, nous pouvons faire une énorme différence dans la vie des pauvres, des oubliés et des marginalisés.
Et faire cette différence est, en fin de compte, le but et l’objectif de la diplomatie de l’Ordre. Notre position unique, à la fois ordre religieux et entité souveraine en vertu du droit international, nous permet de travailler avec d’autres pays pour fournir une aide humanitaire, une assistance médicale et des soins aux réfugiés aux quatre coins du globe. Cela est particulièrement vrai lorsque nous collaborons avec des nations, comme les vôtres. En quelques mots, notre diplomatie n’est pas axée sur la promotion des intérêts de l’Ordre. Elle est mise au service des malades et des pauvres, sans distinction de religion, de race ou d’ethnie, dans l’accomplissement de notre charisme : Tuitio Fidei, Obsequium Pauperum (Défense de la foi par le service des pauvres).
Cette année marque également un approfondissement de la collaboration avec le Saint-Siège à travers un vaste plan d’activités que l’Ordre souverain de Malte a mis en place pour l’année jubilaire. Plus de 2 000 bénévoles, originaires d’une vingtaine de pays à travers le monde, serviront au sein des postes de premiers secours gérés par l’Ordre de Malte dans les quatre basiliques papales.
Le Bureau de notre Grand Hospitalier organise le travail des bénévoles qui seront présents, à raison de deux équipes par jour, dans chaque basilique. Un médecin, un infirmier et deux secouristes constitueront chaque équipe, soit 32 bénévoles par semaine pendant 55 semaines.
Il s’agit d’un effort énorme de notre part, mais cela fait partie de notre mission première : l’assistance aux pèlerins.
Si la diplomatie de l’Ordre doit soutenir efficacement nos activités mondiales en faveur des pauvres, nous devons effectuer un investissement stratégique majeur dans notre infrastructure diplomatique. Mon gouvernement s’est engagé à augmenter le nombre de pays avec lesquels nous entretenons des relations diplomatiques. Cela nécessite un effort important pour soutenir un corps diplomatique efficace en expansion, ainsi qu’un engagement en termes de temps de ma part et de celle du Grand Chancelier. L’Ordre étant une entité souveraine plutôt inhabituelle, les avantages des liens diplomatiques avec lui ne sont pas toujours évidents. Par exemple, il est important que les nations et les organisations internationales reconnaissent la valeur de la stricte neutralité de l’Ordre et la façon dont cette neutralité permet à l’Ordre d’apporter des secours et de l’aide humanitaire là où d’autres ne peuvent pas aller. Il est également important que nos partenaires diplomatiques sachent qu’ils peuvent compter sur l’Ordre pour soutenir leurs efforts en matière d’aide humanitaire. Par ailleurs, nos relations officielles avec de nombreux pays permettent à l’Ordre d’agir rapidement, avec un minimum d’interférences, pour apporter une aide humanitaire dans les zones de guerre, à travers des frontières fermées et dans les coins les plus reculés du monde.
En 2023, lorsque j’ai été élu Grand Maître, j’ai tenu à rencontrer rapidement les dirigeants de trois nations qui n’ont eu de cesse de soutenir les activités de secours de l’Ordre dans le monde et ses droits souverains en vertu du droit international. Les gouvernements précédents de ces nations ont également démontré leur soutien à l’Ordre au début du XIXe siècle, alors que l’Ordre se lançait dans la tâche difficile de réorganiser ses activités et d’établir de nouvelles façons d’articuler son engagement fondamental à servir les pauvres et les malades. J’ai donc eu le plaisir de rendre visite de manière officielle au Saint-Père, au président de la République de Malte et au président de la République d’Italie. La République de Malte a démontré à maintes reprises son esprit de coopération, en particulier depuis son indépendance en 1964, et elle a de plus en plus embrassé ses 268 ans d’histoire commune avec l’Ordre. L’Italie est une amie fidèle de l’Ordre depuis des siècles, tout comme la papauté, qui a manifesté pour la première fois son soutien à l’Ordre et à son autonomie il y a plus de 900 ans. Je dois dire que j’ai été très heureux d’inaugurer mon gouvernement par des visites à de si grandes autorités morales, ainsi qu’à de grands amis de l’Ordre.
Après mes premières visites au Saint-Siège, à la République de Malte et à l’Italie, j’ai accordé une attention particulière à un certain nombre de pays particulièrement importants pour l’histoire de l’Ordre : la Pologne, la Hongrie et la Grèce. L’Ordre a des liens anciens et profondément enracinés avec ces trois pays.
Je souhaite remercier personnellement les ambassadeurs de ces pays pour leur aide dans l’organisation de ces visites officielles.
En ce qui concerne la Grèce, nos liens reposent en grande partie sur les 212 années de règne de l’Ordre sur l’île de Rhodes. J’ai eu le grand honneur d’inaugurer officiellement un musée virtuel sur l’histoire de l’Ordre à Rhodes de 1310 à 1522. Bien que nos années à Rhodes appartiennent à un passé lointain, d’une certaine manière, ce passé fournit les fondations de nos relations actuelles. Parallèlement à la reconnaissance de notre passé commun à Rhodes, nous avons entamé des échanges visant à conclure un accord de coopération avec la République hellénique.
Nous avons signé un mémorandum d’entente avec le Royaume-Uni l’année dernière. Cet accord est basé sur un modèle novateur qui comprend l’échange de représentants officiels, ainsi qu’un mécanisme de consultation conjointe et de coopération potentielle entre les signataires au sujet de situations impliquant des tiers. Je tiens à exprimer ma profonde gratitude aux autorités britanniques, et en particulier à l’ambassadeur britannique auprès du Saint-Siège, pour leur ouverture à l’innovation et leur esprit de créativité, alors que nous élaborions les détails de notre nouvelle relation. Pour ma part, je suis plein d’espoir que nous parviendrons à établir des relations diplomatiques complètes lorsque le moment sera venu.
Plusieurs autres nations européennes ont effectué des visites officielles au Grand Magistère. J’ai accueilli les chefs d’État de Hongrie, d’Albanie, de Lettonie et de Slovénie. Lors de réunions séparées, le Grand Chancelier et le Grand Hospitalier ont reçu un certain nombre de dignitaires européens, notamment des premiers ministres, des ministres des Affaires étrangères et d’autres membres de cabinets ministériels. Outre des personnalités européennes, le Grand Chancelier a également reçu Sa Majesté le Roi du Lesotho. Nous espérons que des rencontres comme celle avec Sa Majesté nous aideront à nous développer dans la région sub-saharienne. En effet, nous avons ouvert des relations diplomatiques avec le Burundi puis avec la Gambie à la fin de l’année 2023, continuant ainsi à augmenter le nombre de pays d’Afrique subsaharienne avec lesquels nous avons des relations diplomatiques.
Conformément à notre objectif stratégique d’accroître le nombre de pays avec lesquels nous entretenons des relations diplomatiques, j’ai entrepris plusieurs voyages dans différentes régions du monde.
Au Panama, où l’Ordre et ses activités en faveur des pauvres continuent de se développer, j’ai participé à la Conférence régionale de l’Ordre pour l’Amérique latine. J’ai également rendu une visite officielle au président de la République, qui m’a chaleureusement accueilli, ainsi que notre délégation. Panama a été la première d’une série de visites dans les pays d’Amérique latine que j’ai l’intention d’effectuer au cours des prochaines années. Au Palais Magistral, le Grand Chancelier a reçu la Première dame de l’Équateur, une rencontre qui, nous l’espérons, permettra de renforcer les relations déjà étroites avec ce pays et de stimuler d’avantage d’activités en Amérique latine. Ces visites marqueront non seulement nos relations croissantes dans la région, mais contribueront également à consolider les liens existants et à développer de nouvelles activités et initiatives.
Dans ce cadre stratégique, je me suis rendu en Australie pour célébrer le 50e anniversaire de la fondation de notre association locale. J’ai visité un grand nombre de nos projets à Melbourne, Brisbane, la Gold Coast et Sydney. J’ai noté avec satisfaction l’ampleur des activités significatives entreprises par l’Ordre en faveur des pauvres et des malades. À Canberra, j’ai également rencontré le Gouverneur général. Quelques jours auparavant, j’avais rencontré les gouverneurs du Queensland et de la Nouvelle-Galles du Sud. J’ai été très heureux de constater que chaque représentant du Roi manifestait un niveau remarquable de connaissance de l’Ordre et de son travail dans son pays.
Au cours de ces journées en Australie, j’ai remarqué deux réactions principales envers l’Ordre et ses représentants. Tout d’abord, les autorités locales et les habitants ont unanimement exprimé leur reconnaissance pour le travail pratique de l’association et de ses bénévoles. Ensuite, notre délégation, bien que n’ayant pas de statut diplomatique, a bénéficié de toute la courtoisie possible de la part des responsables publics australiens. Je crois que cet accueil chaleureux et ses mains tendues sont le fruit d’un certain niveau de connaissance de l’Ordre et de son travail. Lorsque les gens comprennent l’objectif de l’Ordre et le but ultime de sa diplomatie, lorsqu’ils voient les Chevaliers et les Dames à l’œuvre dans les soupes populaires, les camps de secours et les hôpitaux, ils peuvent pleinement saisir l’étendue de notre travail, de notre engagement et les nombreux avantages d’une relation diplomatique avec l’Ordre de Malte.
Nous avons également démontré notre soutien et notre confiance envers les agences internationales en rejoignant « l’Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté ». L’Alliance a été approuvée par le G-20 et a été initialement lancée par le président brésilien Lula. Sa mission consiste à soutenir et accélérer les efforts mondiaux visant à éradiquer la pauvreté, en partie grâce à la mise en œuvre de solutions fondées sur des données probantes. Nous comprenons les objectifs ambitieux fixés par l’Alliance et nous sommes fiers de participer à cet effort. Je remercie l’ambassadeur du Brésil pour son aide précieuse à cet égard.
L’année 2024 a marqué le 30e anniversaire de l’obtention par l’Ordre du statut d’observateur permanent auprès de l’Organisation des Nations Unies. L’Ordre a célébré cet important anniversaire par des événements à New York, Genève et Vienne. En septembre, j’ai été invité à visiter les Nations Unies à New York. Il s’agissait d’une autre étape importante dans nos efforts pour améliorer et développer notre corps diplomatique. L’Ordre attache une importance particulière aux Nations unies en tant que pièce maîtresse d’un système de coopération multilatérale fondé sur les principes et les normes du droit international. Nous croyons en un système international fondé sur des règles. C’est le seul moyen de garantir les valeurs fondamentales de la protection de la vie humaine et de la solidarité sociale. Par ailleurs, un système fondé sur des règles est également le moyen le plus efficace de relever les nombreux défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui : l’impact du changement climatique, les efforts à long terme pour la transition vers une économie neutre en carbone, les nombreuses sources d’instabilité qui alimentent la violence, les violations des droits de l’homme, les flux de réfugiés, de demandeurs d’asile et de personnes déplacées, pour n’en citer que quelques-uns.
À l’ONU, j’ai été chaleureusement reçu par le secrétaire général, S.E. António Guterres. C’était la première fois dans l’histoire qu’un Grand Maître était reçu officiellement par un Secrétaire général des Nations Unies. J’ai également été invité à prendre la parole lors du forum « le Sommet de l’avenir » au sein des Nations unies, une autre « première » pour un Grand Maître. Le Grand Chancelier a également brandi la Croix de Malte à l’ONU lorsqu’il a été invité par le Conseil de sécurité à s’exprimer lors du débat public intitulé « Leadership pour la paix ».
Pour renforcer encore notre lien étroit avec les Nations Unies, je me suis ensuite rendu à Genève où, au Palais des Nations, j’ai inauguré l’exposition « L’Ordre souverain de Malte aujourd’hui », en présentant la publication 30 ans de l’Ordre souverain de Malte aux Nations Unies et, plus important encore, j’ai pris la parole devant le Conseil des droits de l’homme, après avoir rencontré la directrice générale de l’ONUG, Mme Tatiana Valóvaya.
Parmi nos priorités diplomatiques figurent en tête :
– Notre plaidoyer en faveur de l’importance du droit international humanitaire ;
– la protection des populations civiles et des travailleurs humanitaires dans les situations de guerre et de conflit ; et
– la défense de la valeur de la liberté religieuse.
En 2024, nous avons organisé plusieurs événements publics auxquels ont participé des experts de l’Ordre, ainsi que des personnalités éminentes d’agences internationales, d’universités et de think tanks. Par exemple : la session sur l’assistance humanitaire à la Conférence des ambassadeurs, l’événement à la Conférence de Munich sur la sécurité, et le séminaire à la Villa Magistrale sur la liberté religieuse.
Notre plaidoyer sur ces sujets particuliers est d’autant plus pertinent aujourd’hui. De nos jours, les droits de l’homme sont ignorés et dégradés, avec des conséquences désastreuses pour les civils piégés dans des zones de guerre dans de nombreuses régions du monde. En effet, des crises humanitaires ont éclaté dans de nombreuses parties du monde. Les événements survenus à Gaza, en Cisjordanie, au Liban et en Ukraine nous ont choqués par leur cruauté et leur mépris total des règles d’engagement. Les civils sont régulièrement pris pour cible, leurs maisons sont détruites et leurs villes sont délibérément réduites en ruines.
Les images de souffrance, de mort et de dévastation nous hantent. Le nombre croissant d’enfants victimes des opérations militaires nous choque. La réponse impitoyable des dirigeants politiques face à ce carnage civil nous réduit à un silence stupéfait Mais ces réponses ne sont pas acceptables face à cette tragédie humaine croissante. Nous devons nous rappeler, à nous-mêmes et aux autres, que nous avons l’obligation morale de nous opposer à la dégradation du système international. Nous devons prendre la parole, lorsque l’occasion se présente, contre les violations des droits de l’homme. Nous ne devons pas hésiter à utiliser les instruments juridiques que la communauté internationale nous a donnés pour prévenir et contenir les effets de la guerre et des conflits.
Mais plaider en faveur de nos priorités diplomatiques ne suffit pas. Car, pendant que nous plaidons devant les tribunaux de La Haye et à l’Assemblée générale de New York, des populations civiles sont tuées par milliers et déplacées par centaines de milliers. Elles ont besoin – mais n’ont pas – de nourriture, d’eau, de soins médicaux, de rééducation physique et de soutien psychologique. Les enfants doivent pouvoir poursuivre leur éducation. Le manque de nutrition et d’assistance médicale, l’interruption de l’éducation et des activités sociales, les menaces et les attaques contre les travailleurs humanitaires et la destruction des infrastructures civiles ne sont pas admissibles, en aucune manière ni en aucune circonstance.
Conscient des situations désastreuses qui ont piégé les civils dans des cycles de violence, l’Ordre de Malte ne s’est pas limité à la seule défense de ses priorités. Il a agi « sur le terrain », fidèle à sa mission historique et à sa longue tradition d’aide humanitaire.
Nous sommes de tout cœur avec les Israéliens pris en otage. Que Dieu les protège, eux et leurs familles. Nous espérons une libération immédiate.
A Gaza, l’Ordre a été en mesure de fournir de la nourriture et d’autres biens de secours à la ville de Gaza et à la partie nord de la bande. Nous y sommes parvenus grâce à une combinaison unique d’énergies et de ressources, en collaboration avec le Patriarcat latin de Jérusalem, la paroisse catholique de Gaza et Caritas. Notre aide est d’autant plus cruciale que de nombreuses organisations humanitaires rencontrent des difficultés insurmontables pour acheminer l’aide alimentaire à Gaza, en particulier dans le nord. La majeure partie de notre aide est constituée de fruits et de légumes frais, des produits devenus extrêmement rares et chers à Gaza. Nous continuerons à fournir cette aide régulièrement, aussi longtemps que nécessaire. En substance, nous resterons solidaires de la population de Gaza tant qu’elle souffrira de conditions de vie extrêmement difficiles.
Notre position est la même à l’égard de la population de Cisjordanie, où les conditions de vie et la situation humanitaire se dégradent à un rythme effrayant. Sur le terrain, des niveaux extrêmes de violence entravent la mise en œuvre des opérations de secours et empêchent souvent le déploiement de nos cliniques mobiles, interrompant, par exemple, l’assistance médicale dont les villages bédouins ont tant besoin. Nous sommes également préoccupés par la situation à Bethléem, une ville d’une importance évidente pour l’ensemble de la chrétienté. Les perturbations au Moyen-Orient ont pratiquement mis fin aux voyages non essentiels dans plusieurs pays de la région. La chute dramatique du flux de visiteurs et de pèlerins à Bethléem, par exemple, a aggravé les conditions économiques et sociales de la population et créé des difficultés financières pour les projets de l’Ordre. L’Ordre continue néanmoins d’être présent dans cette région, notamment par le biais de l’hôpital de la Sainte Famille, un modèle unique de service humanitaire et de cohésion sociale. Malgré de nombreuses difficultés, le drapeau de l’Ordre continue de flotter au sommet du complexe hospitalier, témoignage de notre engagement à soutenir le peuple palestinien.
Au Liban, un autre théâtre de conflit et de crise humanitaire, l’Ordre a joué un rôle crucial en fournissant une assistance dans de nombreuses régions grâce à son vaste réseau de plus de soixante centres. La présence de l’Ordre se fait sentir dans tout le pays par le biais de son association nationale dont les membres font preuve d’un dévouement et d’un engagement extraordinaires. Les opérations d’urgence de ces derniers mois sont les exemples les plus récents de la capacité de l’Ordre à se mobiliser avec succès en temps de crise. Dans un Liban déchiré par la guerre, l’Ordre intervient activement dans le secteur de la santé, de l’agriculture, de l’éducation et de la formation professionnelle.
L’engagement de l’Ordre à fournir une assistance humanitaire aux peuples palestinien et libanais se fonde non seulement sur les besoins légitimes de ces populations en souffrance, mais aussi sur l’attachement particulier de l’Ordre à la Terre Sainte. C’est dans cette région que l’Ordre est né il y a près de 1 000 ans et a développé ses premières activités. C’est sur cette terre que le premier hôpital géré par l’Ordre a été fondé à Jérusalem. Notre histoire est si étroitement liée à cette terre, sur laquelle notre Sauveur a marché un jour, que nous ne pouvons pas, et ne voulons pas, abandonner ses peuples, qui aspirent à une paix juste et durable pour cette région tumultueuse. De même, nous avons l’intention de rester fermes dans notre soutien au peuple libanais et de faire de notre mieux pour contribuer à la reconstruction d’une économie, d’une société et d’un secteur public fonctionnels.
Bien entendu, la réalisation de ces engagements repose sur plus de 100 000 bénévoles et 50 000 employés qui font preuve quotidiennement d’un courage, d’un dévouement et d’une compétence sans faille. Les organisations de l’Ordre – telles que Malteser International, l’Ordre de Malte France, le CISOM et plusieurs de nos plus grandes associations nationales – fournissent à notre diplomatie les moyens de mener à bien ses missions. D’une certaine manière, elles peuvent être considérées comme les « piliers » de la diplomatie de l’Ordre. Plutôt que les armées d’antan, nous déployons aujourd’hui des corps de secours, des stations médicales, des centres alimentaires, des abris pour migrants, et bien d’autres initiatives. Et nos directives permanentes sont d’apporter l’amour et l’attention du Christ aux oubliés et aux marginalisés – indépendamment de leur race, religion ou origine ethnique.
Dans le cadre de notre investissement dans notre infrastructure diplomatique, nous sommes conscients de la nécessité de communiquer de manière claire, fréquente et précise sur la nature et les activités de l’Ordre. Au cours de l’année écoulée, nous avons fait des progrès significatifs dans cette direction. Lors de l’élaboration d’un plan de communication stratégique annuel pour 2025, nous avons centralisé les éléments pertinents de communication afin d’en garantir l’exactitude. Nous avons développé de solides plans de relations proactives avec les médias et remanié nos activités sur les réseaux sociaux.
Nous avons également créé un nouveau fonds, administré par le Grand Magistère, destiné à soutenir des initiatives et des activités promues par nos associations nationales et par nos ambassades. Nous avons déjà approuvé et cofinancé huit projets de petite et moyenne envergure.
En outre, nous sommes de fervents partisans de l’idée que nos positions diplomatiques et nos activités sur le terrain doivent être fondées sur une réflexion et une analyse incisive et à la pointe. C’est pourquoi nous sommes en train de mettre en place un organe qui réunira des experts de renom dans divers domaines, qui pourront enrichir les débats sur, par exemple, les causes et l’éradication de la pauvreté dans le monde, les migrations, la paix et la justice, le changement climatique, la religion et la diplomatie, l’endiguement et l’éradication de la violence institutionnelle, entre autres.
Il est à la fois réconfortant et utile de constater que, dans l’exercice de notre diplomatie, nous sommes soutenus par le charisme traditionnel de l’Ordre, « la défense de la foi par le service des pauvres », et par l’enseignement du Saint-Père. Nous savons aussi que le monde a besoin d’acteurs capables de fournir une assistance humanitaire inconditionnelle et d’ouvrir le dialogue avec toutes les parties. En janvier 2024, lors de la Conférence des ambassadeurs de l’Ordre, le cardinal Gianfranco Ravasi a déclaré :
« L’Ordre de Malte – une institution dite “tierce”, dûment armée de courage et d’espoir – relève la tête et devient un héraut de l’“utopie”, proposant de grandes visions, envisageant des projets d’envergure, regardant vers l’avenir sans s’attarder sur les détails ordinaires de la gestion quotidienne, vivant la conviction que l’homme ne vit pas seulement de pain. »
Je tiens à vous exprimer ma sincère gratitude pour votre travail et votre dévouement et, surtout, je vous remercie pour le professionnalisme et l’attention que vous apportez à votre partenariat avec l’Ordre de Malte. Nos portes sont toujours ouvertes pour écouter attentivement vos demandes et suggestion, ainsi que tout conseil visant à améliorer les relations entre nos gouvernements.
Je saisis cette occasion pour vous souhaiter, ainsi qu’à vos familles et à l’ensemble du personnel de vos ambassades, une bonne et heureuse année. Que Dieu bénisse vos nations et leurs peuples.
Je vous remercie.