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Entretien avec l’Ambassadrice de l’Ordre de Malte en Palestine, Michèle Bowe

19/10/2023 


 

Près de deux semaines après le début de la guerre entre Israël et le Hamas, l’Ambassadrice Michèle Burke Bowe, Chef du Bureau de représentation auprès de l’Etat de Palestine, fait le point sur la vie à Bethléem, où l’Ordre de Malte gère l’hôpital de la Sainte Famille.

Quelles sont les conséquences immédiates sur Bethléem de la guerre entre Israël et le Hamas ?

Les effets économiques sur Bethléem sont déjà dévastateurs. Les écoles et les entreprises sont fermées et 90 % de la main-d’œuvre est sans salaire car il n’y a pas de pèlerinage. Les nerfs sont à vif et la vie quotidienne est devenue très difficile. Les prix des produits alimentaires ont grimpé en flèche et les rayons des magasins de Bethléem sont vides.

Quel est l’’impact de cette situation sur l’hôpital de la Sainte Famille que l’Ordre de Malte dirige depuis 1990 ?

La vie à l’hôpital de la Sainte Famille est devenue plus difficile. Malgré cela, notre hôpital a redoublé son engagement envers les mères et les bébés de Bethléem afin de rester ouvert et de fournir des soins à tous, en particulier à ceux qui en ont le plus besoin. Les accouchements ne s’arrêtent pas pour cause de conflit ou de guerre. Nous sommes le seul hôpital de la région à pouvoir prendre en charge les grossesses à haut risque et les prématurés. Les femmes enceintes n’ont pas le choix. Malgré les barrages routiers qui limitent l’accès à Bethléem, l’unité de soins intensifs néonatals de l’hôpital (NICU) fonctionne presque au maximum de sa capacité et le nombre d’accouchements est stable. Nous recevons de nombreux appels pour transférer des femmes ayant des grossesses à haut risque.

L’hôpital connaît-il des pénuries de fournitures médicales ?

Nos ressources sont actuellement très limitées et nous ne sommes pas en mesure d’obtenir les fournitures dont nous avons besoin de toute urgence en raison des restrictions de transport entre les villes. L’administration de notre hôpital a lancé un appel urgent à tous les employés pour qu’ils soient vigilants dans leur utilisation des fournitures. Plusieurs de nos médecins vivent en dehors de Bethléem et il leur est de plus en plus difficile de faire le trajet jusqu’à Bethléem en raison des bouclages de sécurité israéliens. Nombre de nos employés ne sont pas en mesure de reprendre leurs horaires de travail normaux. L’hôpital a adopté un protocole d’urgence selon lequel les infirmières et les sages-femmes sont invitées à travailler en double garde afin de réduire leur exposition aux risques liés au transport. Certaines nuits, nous sommes obligés de demander aux résidents et aux médecins d’assurer deux doubles gardes pour maintenir les effectifs en salle de travail et à l’unité de soins intensifs néonatals. Le personnel fait preuve de créativité pour trouver des moyens de se rendre au travail, car l’essence est rationnée et difficile à trouver, et les points de contrôle sont de plus en plus difficiles à franchir.
Un médecin de l’hôpital m’a confié : « Je ne sais pas combien de temps encore nous pourrons continuer à fonctionner de cette manière, mais j’espère et je prie pour que les choses n’empirent pas ».

La vie à Bethléem a déjà été fortement affectée par la pandémie de Covid…

Les tensions se sont accrues depuis le début de l’année. Moins de patients peuvent contribuer à leurs soins et les prix des fournitures ont augmenté. Depuis la pandémie de Covid, nous conservons des liquidités et limitons les coûts. Notre personnel n’a pas eu d’augmentation de salaire et le coût de la vie a augmenté depuis 2020. Malgré ces mesures d’austérité, l’hôpital sera à court de liquidités à la fin du mois.

 

L'Ordre Souverain Militaire de Malte - Association Canadienne

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